Avez-vous lu le Capital ?
Cette œuvre représente le travail de la vie de Karl Marx pour faire comprendre aux travailleurs comment une infime partie de la population fait travailler plus que nécessaire la grande majorité de la population active et s’enrichit en s’appropriant ce surtravail.
Rassurez-vous, c’est bien d’apiculture et non de politique dont je veux vous entretenir.
Quoi que…
Les humains admirent depuis très longtemps les abeilles et leur formidable organisation du travail.
En quoi consiste et quel est le but du travail des abeilles qui, rappelons-le, sont sur terre depuis bien plus longtemps que nous ?
Les abeilles travaillent pour leur confort et leur sécurité en aménageant au mieux leur habitat et en stockant suffisamment de nourriture, miel et pollen afin de passer l’hiver dans de bonnes conditions.
Que se passe-il lorsque apis mellifera à son insu devient la propriété d’un apiculteur ?
Celui-ci va commencer par lui fournir un logement. C’est sympathique, non ?
Ce qui l’est moins, c’est que ce logeur intéressé va utiliser toutes sortes de stratagèmes pour que les abeilles produisent beaucoup plus que ce qui leur est nécessaire. Et sans vergogne il va s’approprier le fruit de ce surtravail.
Cela fait bigrement penser au Capital ne trouvez-vous pas ?
Étant apiculteur moi-même, je rencontre beaucoup d’apicultrices et d’apiculteurs.
Et j’entends ici ou là que l’on a récolté deux, trois hausses par ruche, voire plus. Une hausse de ruche Dadant, c’est à peu près vingt kilos de miel. C’est plus qu’il n’en faut pour nourrir une colonie d’abeilles normalement constituée et passer confortablement l’hiver dans nos régions méridionales.
J’entends aussi que maintenant les reines ne sont plus bonnes seulement au bout de deux ans et qu’il faut les changer. Normalement une reine peut vivre cinq ans, non ?
La pollution surement, les pesticides bien sûr, nous connaissons bien ces problèmes et nous luttons contre ces grandes sociétés internationales qui imposent leurs produits mortifères aux agriculteurs qui en sont également victimes.
Ceci étant dit, lorsque nous faisons produire à une colonie d’abeille en une saison, trois, quatre ou cinq fois ce qu’elles auraient normalement produit pour couvrir ses besoins, comment ça se passe du côté de la communauté des travailleuses aillées ?
Nous connaissons l’espérance de vie d’une abeille et la quantité de nectar qu’elle peut ramener à la ruche. Pour produire une telle quantité de miel il a fallu vraiment beaucoup, beaucoup d’abeilles. Pour fournir une telle population la reine a dû pondre en conséquence.
Si une reine en exploitation a pondu en deux ans autant qu’une reine libre en cinq ans nous pouvons comprendre qu’elle soit épuisée avant son heure.
Une apiculture intensive est-elle compatible avec la bonne santé des abeilles ?
Ne devrions-nous pas bien examiner tous les périls qui la menacent (dégradation de l’environnement mais aussi nos pratiques) et agir de façon responsable ?
Les abeilles ne méritent elle pas notre respect et notre gratitude ?
Vous pouvez me faire part de vos réactions sur le formulaire jointe. D’avance je vous en remercie. Quelle que soit votre opinion je serais heureux de vous lire et de vous répondre.
Jean François COURTIAL
Membre du CA du CIVAM apicole du Gard